Une singularité vietnamienne
Dans les années 1920, un fonctionnaire vietnamien, Ngô Van Chiêu, organisa une séance de spiritisme au cours de laquelle un esprit s’immisça et lui ordonna de donner naissance à une nouvelle religion. Apparu sous la forme d’un œil, cet esprit se donna le nom de « Cao Dai Tien Ong », traduction exacte d’ « être suprême ».
Intriguant syncrétisme entre le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme et le catholicisme, le caodaïsme pris alors progressivement de l’ampleur dans le Sud Vietnam sous l’impulsion de Ngô Van Chiêu. Officiellement reconnue comme religion par les autorités coloniales de l’Indochine en 1926, ce mouvement rassembla dès les années 30 plus de 1,5 millions d’adeptes.
Le Caodaïsme
D’une force politique a uN syncrétisme religieux
Publié le 27/07/2017 - Vietnam
Depuis Ho Chi Minh City, le temps d’une journée, un itinéraire s’inscrit souvent sur la route du voyageur désireux d’en apprendre davantage sur la société et l’histoire vietnamienne. Pour quelques heures, il est ainsi commun de partir à la découverte des célèbres tunnels de Cu Chi, symbole de la guerre souterraine ayant eu cours lors du conflit américano-vietnamien, mais également du temple Cao Dai de Tây Ninh situé à proximité. Avant de vous aventurer au cœur de ce temple, profitez de ce point pour découvrir cette intrigante religion née au Vietnam : le caodaïsme.
Un mouvement religieux politisé
Lê Van Trung, fidèle adepte du caodaïsme et ancien secrétaire du gouvernement, évinça rapidement Ngô Van Chiêu de son rôle pour se proclamer par la suite « souverain pontife » de cette nouvelle religion. Ce dernier fut ensuite remplacé par Pham Công Tac, alors secrétaire des douanes : le caodaïsme est ainsi une religion pleinement approuvée par les autorités coloniales françaises. Cette dernière gagne progressivement une place primordiale dans la société, jusqu’à s’apparenter à un véritable « Etat dans l’Etat ». Le caodaïsme se dote en effet rapidement de sa propre force politique et prend désormais parti dans les conflits militaires : ses adeptes se rangent ainsi aux côtés du camp japonais à partir de 1941 avant de finalement rallier le Sud Vietnam jusqu’en 1947 puis les Français jusqu’en 1954.
De tels changements de camps et une telle force politique incitent l’armée vietnamienne à se méfier de cette nouvelle religion et à démanteler son pouvoir dès la chute de Saigon entérinée. A partir de 1975, les adeptes du caodaïsme se voient ainsi confisquer leurs terres et observent leur force politique être démantelée par les armées communistes au pouvoir.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le caodaïsme s’apparente à une religion universelle, syncrétique. S’inspirant des principes du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme, il emprunte également plusieurs éléments de réflexion au christianisme et dans une moindre mesure à l’islam. Ainsi, le caodaïsme intègre des apports spirituels différents : ses adeptes croient en la réincarnation bouddhiste, adoptent les règles de vie du confucianisme, recherche la plénitude du taoïsme et suivent les règles catholiques. Cette religion prêche ainsi l’existence d’un Dieu unique, commun à toutes les religions.
Le Saint Siège du caodaïsme se situe ainsi à Tây Ninh et est communément appelé « le grand temple ». Au cœur de cet édifice étonnant, un panthéon pour le moins surprenant apparait : Moïse, Jésus, Bouddha, Mahomet, William Shakespeare, Napoléon, Lénine ou Jeanne d'Arc sont considérés comme des guides spirituels et cohabitent sur les murs. Victor Hugo est également présent, ayant grandement inspiré plusieurs textes de prières.
Aujourd’hui, le caodaïsme regrouperait plus de 5 millions d’adeptes à travers le Vietnam.
Si vous souhaitez découvrir ce temple et en savoir davantage sur le caodaïsme, n’hésitez pas à nous contacter : nos amis locaux à Ho Chi Minh City se feront un plaisir de vous en apprendre davantage.