Les débuts du prince cambodgien
Né en 1922, le jeune Norodom Sihanouk fut invité dès 1941 par les français à succéder à son grand père à la tête du Cambodge. Son pouvoir politique très limité durant cette période connut un tournant lors de l’invasion des japonais en 1945. A la demande de ces nouveaux arrivants, Norodom Sihanouk proclama cette même année l’indépendance de son pays. Cette indépendance fut néanmoins de courte durée et prit fin avec le retour des français sur le territoire. Ces quelques mois permirent au leader d’acquérir de fortes convictions politiques et de placer l’indépendance ainsi que l’unité de son pays comme objectif suprême de son règne.
Durant les prochaines années, Norodom Sihanouk usa ainsi de son habileté politique et débuta une campagne internationale pour convaincre les français d’accepter l’indépendance du Cambodge. Sans effusion de sang, il permit ainsi à son pays de se libérer des forces coloniales en 1953. Devenu alors un acteur majeur de la scène géopolitique mondiale, il abdiqua contre toute attente en faveur de son père en 1955, renonçant ainsi au titre de roi. Il prit alors le rang de Premier Ministre, leader du parti « Sangkum Reastr Niyum ». L’année 1960 fut marquée par la mort de son père : il préféra néanmoins laisser le trône royal vacant et se concentrer pleinement sur son jeu politique.
Norodom Sihanouk
un tournant pour le cambodge
Publié le 06/04/2020 - Cambodge
Décédé en 2012 en Chine, Norodom Sihanouk est l’une des figures emblématiques de l’histoire et de la politique cambodgienne du XXème siècle. Décrit comme charismatique, charmeur et implacable, admiré pour son habileté politique, ce personnage n’aura cessé d’user de tous les moyens pour préserver l’unité de son royaume, déchiré par la guerre civile. Retour sur l’histoire de ce chef d’état aux alliances changeantes avec Very Local Trip.
Alliances multiples
Durant la guerre froide, en parallèle de la guerre du Vietnam, les convictions de Norodom Sihanouk sont claires : il souhaite préserver l’unité et surtout la neutralité du Cambodge. Tentant de ne prendre parti pour aucun des camps, il se mit à flatter à tour de rôle Américains, Chinois et Soviétiques. Co-fondateur du Mouvement des pays non-alignés, il permit néanmoins aux communistes de se servir du port de Sihanoukville pour se ravitailler en armes et ferma en parallèle les yeux sur les bombardements aériens orchestrés par Washington sur sa zone frontalière avec le Vietnam. Renversé par un coup d’état en 1970 par le putsch pro-américain du général Lon Nol, Norodom Sihanouk s’allia désormais avec ses anciens ennemis : les Khmers Rouges.
Exilé en Chine, sa notoriété permit à la guérilla de gagner le coeur des paysans cambodgiens acquis à la cause royale. La victoire des Khmers rouges marque ainsi son retour au pays en 1975, comme chef d’état symbolique. Il fut néanmoins contraint de démissionner un an plus tard, forcé désormais d'assister depuis la résidence où il est assigné au massacre de son peuple et de 5 de ses enfants et 14 petits-enfants.
Le retour de Norodom Sihanouk
En 1979, le régime de Pol Pot est renversé par l’armée vietnamienne. De nouveau exilé en Chine, Norodom Sihanouk forme depuis ce pays d’adoption un gouvernement provisoire, le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (FUNCINPEC). Contre toute attente, il continua son association avec les khmers rouges afin de lutter contre la nouvelle occupation vietnamienne du Cambodge.
En 1991, les accords de Paris mettent fin à la guerre qui déchire le pays. Deux ans plus tard, il revient à la tête du Cambodge et est consacré monarque constitutionnel. En 2004, il abdique une seconde fois pour mettre à sa place son fils, Norodom Sihamoni.
Connu pour sa faculté à enflammer la fibre cambodgienne, il régna en tant que roi, premier ministre ou chef d’état pendant près de 60 ans. Figure incontournable du Cambodge, ayant conduit son pays à l’indépendance puis au régime de la terreur, la mort de ce leader contesté suscite toujours une vive émotion collective.
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